Du 23 novembre au 6 décembre 2015
La Poudrière Cayenne
Présentation du l’exposition
Pour la première fois en Guyane l’Association Guyane Art Factory propose un panorama de la jeune création française dans le domaine de l’art vidéo.
Depuis cinquante ans, de très nombreux artistes se sont emparés des images animées pour en faire un moyen d’expression et de diffusion puissant, en parallèle et souvent en opposition à leur utilisation par le cinéma et la télévision. Jouant sur les paramètres spatiaux et temporels que leur apporte ce médium et utilisant au maximum les innombrables possibilités de captations et de manipulations visuelles et sonores qui lui sont spécifiques, ces artistes déve- loppent une pratique personnelle, originale, et souvent expérimentale, sans avoir forcément recours aux techniques traditionnelles de narration.
A l’heure où chacun peut filmer avec son téléphone portable et où les flux d’images sont incessants dans nos vies quotidiennes, sept jeunes artistes nous proposent des expériences sensorielles et esthétiques intenses qui changent nos rapports aux images animées. Sous la voûte sombre de la Poudrière, ils nous invitent dans leur univers pour explorer une démarche singulière dans le champ de l’art vidéo. Sans thématique commune, leur réunion tend à multiplier et complexifier les pistes d’exploration possibles dans ce champ de l’art.
Dans la déambulation entre projections au mur, sur écran et sur téléviseurs, le spectateur croisera un coucher de soleil qui devient hypnotique, une histoire illustrée par des images légèrement dissonantes, une spectatrice perdue dans un cinéma ou dans une peinture, un paysage urbain nocturne remplit d’« accidents lumineux», des jeunes filles jouant très lentement au basket, un texte qui ne dit pas ce qu’on veut entendre et un téléviseur cassé qui est peut être un dessin animé.
Chaque œuvre révèle une surprise, opère un déplacement, exprime la nécessité d’un renouveau dans nos perceptions éteintes des images animées. Ces « Premiers contacts » ne sont en rien une conclusion mais seulement une première étape, une première approche pour une collaboration forte que nous établissons avec le public guyanais.
Les sept artistes et leur travail
Cédrick EYMENIER
Né en 1974, vit et travaille à Paris et Béziers
« Mirissa »
Vidéo SD / 6 mn / 2008
Posant sa caméra dans la grande roue d’une fête foraine américaine au milieu du désert, Cédrick EYMENIER filme le paysage de « no man’s land » pendant le coucher du soleil. Le mouvement continu et hypnotique de la machine, accompagnée d’une musique électronique de Cédric Pin crée une étrange berceuse, contemplative, qui finit par exprimer un léger senti- ment de mélancolie.
Éponine MOMENCEAU
Née en 1985, vit et travaille à Paris
« Waves become wings »
Vidéo HD / 10 mn 30 / 2012
Le ralenti extrême et les flash lumineux décomposent le mouvement de jeunes filles qui se déplacent, sautent, se baissent, se retournent dans une très lente chorégraphie. Le spectateur mettra un moment à comprendre qu’il assiste à un entraînement de basket. Au lieu de filmer ces jeunes joueuses en restituant la vitesse du sport, Eponine MOMENCEAU préfère laisser le ballon hors-champ et, dans un temps suspendu, s’attarder sur les postures, les croisements, les compositions que révèlent le jeu et qui finissent par évoquer les peintures de la Renaissance. D’une observation documentaire, par un truchement technique permis par la vidéo, elle nous invite à un moment de contempla- tion sur des gestes et des attitudes qui s’éloignent de la compétition et s’approchent de la grâce.
Rebecca DIGNE
Née en 1982, vit et travaille à Paris
« Kino peinture »
Film 16 mm transféré en vidéo / 1 mn / 2008
partir d’une série de dessins réalisés à Berlin, Nicolas Aiello compose un « dessin animé » dans le sens premier du terme en les mettant les uns à la suite des autres chaque seconde, de manière aléatoire. La pratique de l’artiste s’inscrit à la fois dans l’abstraction et dans l’é-criture automatique, le dessin trouvant son origine dans des mots allemands incompréhensi-bles écrits jusqu’à devenir illisibles et former un dessin abstrait. Figurant une neige d’écran cathodique, comme si plus rien n’était à regarder sinon le support de monstration, le dessin animé, par ses subtiles variations et son dispositif aléatoire, interroge les limites de la per-ception humaine et crée une passerelle rare et originale entre le domaine pictural et la vidéo.
Clémence RENAUD
Née en 1985, vit et travaille à Paris
« Elle était une fois »
Vidéo SD / 1 mn 40 / 2007
La vidéo, simplement écrite en blanc sur noir, nous raconte une rencontre amoureuse en intégrant volontairement les stéréotypes attachés à une telle situation. Mais le son, et plus précisément la voix de Clémence RENAUD crée un décalage qui rend plus complexe l’apparente banale histoire qu’on proposait au spectateur. Ainsi, à l’exemple du titre, tous les pronoms masculins dans le texte sont remplacés par des prénoms féminins dans la voix et inverse-ment. Malgré le ton monocorde de la voix et l’aspect visuel minimaliste de l’œuvre, le change-ment de genre introduit une ambiguïté complexe dans l’histoire racontée, interrogeant le spec-tateur sur ce qu’on lui dit et ce qu’on lui cache
Nicolas AELLIO
Né en 1977, vit et travaille à Montreuil
« Neige »
Dessin animé / 4 mn / 2010
partir d’une série de dessins réalisés à Berlin, Nicolas Aiello compose un « dessin animé » dans le sens premier du terme en les mettant les uns à la suite des autres chaque seconde, de manière aléatoire. La pratique de l’artiste s’inscrit à la fois dans l’abstraction et dans l’é-criture automatique, le dessin trouvant son origine dans des mots allemands incompréhensi-bles écrits jusqu’à devenir illisibles et former un dessin abstrait. Figurant une neige d’écran cathodique, comme si plus rien n’était à regarder sinon le support de monstration, le dessin animé, par ses subtiles variations et son dispositif aléatoire, interroge les limites de la per-ception humaine et crée une passerelle rare et originale entre le domaine pictural et la vidéo.
Théodora BARAT
Née en 1985, vit et travaille à Paris
« Or anything at all except the dark pavement »
Super 16 mm transféré sur vidéo / 5 mn / 2011
Composé d’un unique travelling de cinq minutes, la vidéo donne l’impression au spectateur de regarder un paysage urbain nocturne à travers la vitre d’une voiture roulant en continu. Régulièrement apparaissent puis disparaissent des éléments familiers comme des maisons, une station essence, un bar. Petit à petit, des « accidents lumineux », surgissent dans ce paysage, composant une mélodie visuelle qui devient graphique et abstraite. Théodora BARAT a tenu à projeter son voyage entre rêve et réalité sans écran, à même le mur, créant une correspondance entre les immeubles du Nord de la France où a été tourné le film et les murs de la Poudrière.
Salma CHEDDADI
Née en 1984, vit et travaille à Paris
« Der See »
Vidéo HD / 9 mn / 2014
Filmée de près, une jeune fille nouss raconte le souvenir d’un lendemain de fête où elle cherche une personne au bord d’un lac. L’histoire est précise, les détails nombreux, lles informations chiffrées et pourtant le spectateur a du mal à s’imaginer les évènements qui ne semblent pas réalistes. Au milieu ddu film, la jeune fille disparaît pour laisser place à des images extrêmement ralenties qui évoquent différents éléments de son récit ett semble attester de sa véracité. Mais les images ne montrent pas exactement ce qui a été dit et le ralenti les rend plus abstraites quee cconcrètes. Jouant sur une douce ambigüité, Salma CHEDDADI explore les systèmes de la narration et met à l’épreuve la croyance du specctateur.