PRÉSENTATION DE L’OEUVRE EXPOSÉE

FILTRER LES CODES
le manale de Wilfred Kajirale

Déroutant QR code.

L’idée d’un QR code créé en vannerie apparaît en octobre 2021 à Amsterdam lors d’une mission menée par Chercheurs d’art.

L’équipe décroche à Mana l’exposition Entre 2 mondes, Européens et Amérindiens sur les côtes de Guyane avant la colonisation et rencontre aux Pays-Bas des structures qui pourraient présenter Entre 2 mondes, anticipation coloniale, une variante de l’exposition.

En circulant à Amsterdam, en découvrant la ville et les espaces dédiés à l’art et à la culture, une des questions est d’imaginer comment les artistes et créateurs de l’Ouest guyanais pourraient se manifester dans cette ville, en y déployant leur savoir-faire, en s’y appropriant codes et fonctionnement. Somme toute, une manière bien ordinaire pour Chercheurs d’art de produire des créations artistiques en investissant des espaces.

Or, au sortir de la crise sanitaire Covid, une pratique généralisée et particulièrement désocialisante revient en permanence, celle de l’usage du QR code…

Pas de repas, pas de transport, pas de visite au musée sans l’incontournable viatique que devient le QR code. Sur un coin de table enQRcodé, dans un restaurant d’Amsterdam, l’idée de la vannerie porteuse de QR code apparaît alors.

 

 

Deux vanniers remarquables se sont particulièrement signalés au Carma pendant près de trois mois autour d’une œuvre semi monumentale : Wilfred Kajirale et Michel Pinas, avec la plasticienne de Paramaribo Razia Barsatie ont en effet créé trois grands personnages tressés de tige d’arouman selon les techniques de vannerie kali’na et n’djuka. L’œuvre Arouman et massala (Mana, 2019) expérimente des pratiques de vannerie inédites autour de l’idée du « panier porteur de figure ».

Avec ce nouveaux défi, apparaît une vannerie porteuse de code ou un tamis filtrant du numérique. A l’invitation de Guyane Art Factory, un an plus tard, dans le cadre d’un parcours artistique urbain, l’expérimental se ré enclenche et Chercheurs d’art propose à Wilfred Kajirale de lancer l’ouvrage.

Celui-ci va élaborer une technique, manœuvrer les fibres, serrer les points et surtout compter… Compter les 841 points de ce QR code.

Au préalable plus 280 brins d’arouman sont minutieusement calibrés et travaillés tôt le matin, avant neuf heures, à la fraîche, quand la tige reste souple de la rosée du matin. Le tressage ne supporte aucune cassure sur les plus de 270 m linéaires de tiges déployées.

La technique complexe du manale est totalement maîtrisée par Wilfried qui livre ici une ultime bataille.

En reste une dernière, scanner et décoder le code à l’aide du smartphone peu performant de l’artiste.

Mais est-ce vraiment nécessaire… ??

WILFRED KAJIRALE

Wilfred Kajirale nait le 24 octobre 1974 dans le quartier de Langama Kondre à Galibi, sur les rives surinamaises de l’estuaire du Maroni. En 1986 avec les événements de la guerre civile au Suriname, ses parents Mathéus Kajirale et Rodalise Nassia quittent le Suriname pour le village de Possoli sur la crique Koswine, côté Guyane.

S’il entreprend à Paramaribo une formation en mécanique auto, l’installation en 1994 à Awala permet à Wilfred de commencer une formation avec le CFPA. Au fil de ses expériences professionnelles successives, il devient ouvrier polyvalent dans les métiers du bâtiment et assure de nombreux chantiers dans la région.

C’est dès l’âge de 12 ans, auprès de son père Matheus et de ses ongles Fidelius, Frantz et Raymond qu’il commence à s’initier à la technique complexe de la vannerie. Il reste un des derniers vanniers actifs de la région, aux côtés de Jantje Stjura, de Victor et de Sylvain Kilinan, de Ruben Ariwanari, de Raymond Blaise, de Roger Kajirale et de Jean Pierre Lieutenant.

Un pays kali’na qui aura connu des vanniers renommés, Romuld Thérèse, Yves Appolinaire, Albert Blaise, Joseph Lieutenant, Thomas Auguste, Joseph Tiouka dit Matou, Jules Fréderic parmi les plus renommés.

Chercheurs d’art, le Carma et
la Route de l’art

Le Centre d’Art et de Recherche de Mana, labellisé Centre d’Art Contemporain d’Intérêt National a ouvert ses portes au public en 2014, avec l’exposition inaugurale la Route de l’art qui présentait plus de cinquante artistes dits de bords de route et près de cinq cents objets d’art. L’association Chercheurs d’art œuvre depuis 1994 à la promotion et à la valorisation des expressions artistiques de l’Ouest Guyanais et de la grande région, à travers des expositions, des publications, des résidences artistiques et des ateliers de création. L’intégration à un marché de l’art reste une des missions du Carma, comme ici avec la présentation de l’œuvre subtile et raffinée Filtrer les codes, de Wilfred Kajirale pour Guyane Art Factory.

 

 

 

 

LE LIEU D’ACCUEIL DE L’OEUVRE

DIRECTION DE LA  CULTURE

4 rue du Vieux Port

Les bureaux des services culturels  de la Direction de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de la Préfecture de la Guyane sont installés dans un bâtiment des anciennes douanes de Cayenne, monument historique classé et réhabilité en 2009 sise au pied de la colline Cépérou.

Ce bâtiment a été utilisé par le service des  douanes pendant 134 ans car ce n’est qu’en 1975 que les douanes ont déménagé au nouveau port de commerce du Degrad des Cannes.

 

Partagez vos photos avec le hashtag #guyaneartfactory et suivez nous sur nos réseaux sociaux !