PRÉSENTATION DES OEUVRES EXPOSÉES
PREMIUM CONNECT
La vidéo Premium Connect puise dans l’esthétique des années 90, et notamment des incrustations pop, colorées et peu réalistes des débuts de l’art numérique pour proposer une lecture alternative contemporaine aux récits dominants. Tabita Rezaire démontre de façon originale que le système binaire utilisé par le code informatique inhérent à internet et à l’art numérique, média qu’elle affectionne tout particulièrement, peut se rapprocher des protocoles tout aussi binaires du système de divination imaginé par le peuple Yoruba.
Adoptant l’idée que la technologie agit comme un miroir du monde organique, capable de guérir ou d’empoisonner selon son usage et ses utilisateurs, Premium Connect explore l’espace cybernétique où les mondes organique, technologique et spirituel se connectent. Comment pouvons-nous utiliser des systèmes biologiques ou ésotériques pour alimenter des processus technologiques d’information, de contrôle et de gouvernance ? Ce travail explore les origines des technologies de l’information et de la communication, en s’inspirant des sagesses du monde souterrain des champignons, de la communication des ancêtres, de la numérologie, des systèmes de divination africains, de la géométrie sacrée, de l’astrologie dogon et de la grille énergétique de la terre, entre autres technologies spirituelles. L’histoire de la domination coloniale et de l’effacement des systèmes de connaissances indigènes est étroitement liée à l’histoire de nos technologies « modernes ». Premium connect puise dans les cosmologies anciennes à la recherche d’authenticité technologique, qui ne reposent pas sur l’exploitation, l’exclusion, la rationalité empirique et le profit.
Dans un collage consciemment artificiel, elle fait apparaître dans Premium Connect aussi bien des échanges de textos, des conférences, des animations et du titrage en relief que l’intervention de la philosophe nigériane Sophie Oluwole, le tout en puisant autant dans des signes de notre époque (le pouce de Facebook) que dans des signes millénaires (la spirale, l’infini), dans un enchevêtrement plastique qui crée des effets de superposition plus que de succession.
A travers sa pratique technologique et spirituelle, Tabita Rézaire souhaite aider à e-cicatriser, et à démanteler cette nouvelle forme de colonialisme pour se reconnecter à soi, dans le prolongement de sa pratique de guérisseuse, thérapeute et yogi.
Tabita RÉZAIRE
Vidéo & arts plastiques
Tabita Rézaire est une artiste contemporaine de renommée internationale mais aussi une guérisseuse, une professeure de yoga Kermetique et Kundalini ainsi qu’une chercheuse en sciences technologiques. Elle est née à Paris en 1989 et se définit comme « franco-guyano-danoise ».
Elle a étudié l’économie à Paris et Copenhague et l’art à Londres à la célèbre St Martin School. Elle a habité au Mozambique et en Afrique du Sud, avant de s’installer en Guyane. Son travail a été montré dans les plus grands centres d’art internationaux : La Serpentine Gallery et la Tate Modern à Londres, le MOMA à New York, Le Gropius Bau à Berlin, le Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, etc.
Elle réalise des oeuvres vidéos, numériques et sonore, souvent présentées dans des vastes installations multimédias. Son travail s’inscrit dans une veine « post internet », mêlant technologie et représentation de soi. Elle puise dans une multitude de références dont l’afrofuturisme, qui lui permet de sortir les technologies numériques de leur pouvoir oppressif et redonner à l’utopie numérique un espace pour tous les corps et toutes les histoires.
Elle voit dans la technologie numérique un espace qui rend possible la mise en relation et le partage de pratiques artistiques, spirituelles et scientifiques, alors que ces différents domaines sont souvent opposés.
LE LIEU D’ACCUEIL DE L’OEUVRE
Le 32 bis
Tiers Lieu 32 rue du Lieutenant Becker
Le 32BIS est un lieu partagé fondé par un collectif de 5 associations qui ont l’intention de faire prospérer l’art, la culture et l’éducation populaire au centre-ville de Cayenne.
La magnifique maison « Marcelle et Henri Prévot » accueille le 32BIS. Construite dans la dernière décennie du XIXème siècle, la maison est un exemple de l’architecture traditionnelle guyanaise. Elle a conservé son jardin, son puit et son authenticité.